Visuel de l'article Il faut te remplumer !

Pendant quasiment toute ma vie, je me suis trouvée trop grosse. Pas beaucoup trop, non, mais j’avais toujours le sentiment qu’avec deux ou trois kilos de moins, ma silhouette serait bien plus harmonieuse. Autour de moi, tout le monde avait l’habitude de s’observer le tour de hanches à longueur d’année et de se pincer le gras de la cuisse pour évaluer l’épaisseur de la peau d’orange, chose que je faisais aussi consciencieusement. Au final j’oscillais généralement entre un 38 bien rempli et un 40, pour un bon mètre soixante-dix.

Comment j'ai réussi à entrer dans une taille 36

Ma première expérience de la taille 36, je la dois à une histoire de cœur bien foireuse. Elle m’a coupé le sommeil et l’appétit pendant des mois, ce que je ne croyais possible que dans les romans à l’eau de rose. Comme je suis d’un tempérament plutôt optimiste et que j’aime les bonnes choses, j’ai vite repris mes kilos. Je suis revenue à mon bon 38 et, m’étant lassée des histoires foireuses, je ne l’ai plus quitté pendant près de 15 ans.

J’ai eu l’occasion de revenir au 36 il y a deux ans, à la suite de la perte du « régime intermittent ». Stressant à mort à chaque fin de mois, j’ai à nouveau perdu le sommeil et l’appétit. Ma garde-robe toute entière a commencé à se dilater et j’ai bientôt eu besoin d’une ceinture pour empêcher mon jean de me tomber sur les chevilles. J’ai néanmoins été très fière de racheter un jean en taille 36 même si, par mesure d’économie, je n’ai pas renouvelé d’autres pièces de ma garde-robe, ne pensant pas cet épisode durable.

La taille 36 peut te faire prendre un (gros) coup de vieux

Il a pourtant duré. Et malgré les galères et le stress permanents, je ne me lassais pas d’admirer la finesse de mon mollet, le galbe de mon genou et, événement rarissime, l’absence notable de toute peau d’orange sur mes cuisses. Quelques amis ont complimenté ma silhouette et j’ai même osé porter des robes au-dessus du genou. Mais, un beau jour, j’ai croisé mon reflet dans le miroir de la salle de bains. Et j’ai eu un choc :

C’est qui cette vieille peau ??

Lire aussi : Comment (re)donner du sens à sa vie

D’accord j’avais passé 40 ans, d’accord j’étais très fatiguée, mais comment mon visage – entretenu depuis 25 ans à grand renfort de crèmes hydratantes – avait-il pu se friper, mes yeux se creuser de façon aussi alarmante en si peu de temps ? J’avais lu que certaines personnes vieillissent comme ça, d’un coup, du jour au lendemain. Je me suis dit, désespérée, ça y est je suis vieille. Le temps que j’ignore depuis 15 ans vient de me rattraper par la peau du cou. Quand je pense que je n’ai même pas eu le temps de rencontrer le prince charmant avant d’être moche. La vie est vraiment trop injuste !

Lire aussi : J’assume pas mes cheveux blancs et je l’assume !

C’est une directrice de casting qui m’a mis la puce à l’oreille. Quand elle m’a vue entrer dans son bureau elle s’est écriée, avec son franc-parler habituel : « Qu’est-ce que tu as maigri Suzanne. Il faut absolument te remplumer ! » J’ai réalisé, en montant sur la balance, que mon rapport poids-taille devait égaler celui des mannequins de podium. Mes os formaient des angles inédits, je pouvais compter mes côtes, mon jean 36 flottait autour de mes cuisses. Quant au reste de mes fringues, je nageais tellement dedans que je ne savais plus comment m’habiller pour les tournages, les castings ou la moindre sortie.

Pourquoi j'ai fait un régime grossissant

J’ai alors repensé à cette campagne contre la faim, qui m’avait tant frappée dans le métro quelques années auparavant. On y voyait le visage d’une africaine toute fripée, d’une maigreur extrême… et la même quelques mois plus tard, bien nourrie, resplendissante de jeunesse et de beauté.

Au risque de me retrouver vieille et avec une bonne culotte de cheval, j’ai entamé d’urgence un régime à base de pâté, fromage, pâtes et frites : mes compétences en cuisine sont en effet à peu près nulles. En l’espace d’un an j’ai repris 5 kilos. Mon appétit est revenu, mon visage s’est notablement remplumé, mes cernes se sont réduits, je ne peux plus compter mes côtes et… j’ai même récupéré un peu de cellulite ! Le jean 36 commence à être juste et, si ma situation s’améliore, je ne suis pas certaine d’y entrer encore longtemps. Tant pis. J’imagine que mon futur chevalier servant s’en accommodera.

Alors – que vous soyez un homme ou une femme – si vous aussi vous avez l’impression d’avoir vieilli dernièrement, plutôt que de déprimer, d’investir dans des produits hors de prix ou des opérations hasardeuses, posez-vous quand même la question : si je prenais quelques kilos, ce serait pas mieux ? Et au diable le 36 et la taille mannequin !

Laisser un commentaire